Sabre Modèle AN XI de cavalerie légère



Sabre réglementaire pour la troupe de Cavalerie Légère avec sa monture "à la chasseur" dit Modèle de l'An XI (Sept 1802-Sept 1803).

L’an XI du calendrier républicain après la revolution de 1789, correspondant aux années 1802 et 1803 du calendrier grégorien, remis au goût du jour en Janvier 1806.

Notre spécimen date de 1809 ou 1810, d'après ses poinçons et inscription "Manufacture Impériale Klingenthal Coulaux Fréres"

Le sabre en dotation par excellence du Premier Empire pour toutes les troupes de cavalerie légère.


Demi-olives de laiton clouées pour le maintien de la poignée
et deux oreillons pour caler le sabre au fourreau


Ce sabre de l'an XI...est le dernier maillon de la chaine des sabres de cavalerie légère de l'épopée napoléonienne, commencée sous la monarchie en 1750, suivi du modèle de 1767, 1777, 1786 (voir notre modèle), l'an IV, an IX..
Il sera de toutes les batailles jusqu'à la chute de l'aigle.

Beaucoup de hussards aimeront à garder leur vieux modèle de 1777/1786 en laiton, signe d'appartenance à la prestigieuse noble famille des hussards tel que celui présenté dans notre collection.

Avant la bataille, la cavalerie légère éclaire l'armée; pendant la bataille, elle soutient l'infanterie, exploite ses succès ou crée l'« événement »; après la bataille, elle poursuit l'ennemi ou couvre la retraite.

Si les Hussards sont destinés à la reconnaissance et les Chasseurs à la poursuite, ils sont de toutes les missions.

Ce sabre est l'équivalent chez les anglais du Modèle 1796, leur modèle réglementaire de troupe.



Lucien Rousselot ©










Dotant toute les troupes de cavalerie légère et l'artillerie montée, il a connu un énorme succès et a été utilisé très longtemps, à travers plusieurs régimes.

Cette arme a été fabriquée à la manufacture de Klingenthal et en porte les poinçons.

Ce nouveau sabre s'inspire de la monture à la hongroise ...sans  filigrane, demi-olive sur la garde pour maintenir la basane, calotte à queue, quillon en boule.. mais désormais la main du cavalier est protégée par une pièce de garde à trois branches. 


Ce type de monture enveloppante était jusqu’alors une spécificité de la cavalerie lourde.

La monture de la poignée est en bois de hêtre, ficelé en spirale et recouverte de basane noire, sans filigrane.




Basane de cuir recouvrant la poignée de bois de hêtre


Ce sabre, extrêmement résistant, a fait toutes les campagnes de l'épopée impériale, notamment entre les mains des fameux hussards, chasseurs à cheval, lanciers de la Ligne.

Il pèse 2.53 kg avec fourreau et 1.21 kg sans fourreau (contre 0.96 kg pour son équivalent chez les anglais)...c'est donc une arme plutôt lourde pour un cavalier de la Légère...

Il a un lame courbe de 87 cm avec une flèche de 5,2 cm... et large au talon de 3.7cm par 1 cm.


Chevau-Léger du 3ème régiment







Un des sabres An XI les plus célèbres est celui du Hussard Guindey.

C'est un grand gaillard de 1m86 né à Laruns dans le Béarn, il s'engage dans l'armée dans le 10e régiment de hussards.
Il se bat et est blessé à Austerlitz en 1805, puis en 1806, le 10 eme Hussard est engagé contre les Prussiens et les Saxons à Saalfeld. 

Durant la retraite ennemie, il somme un officer prussien de se rendre mais ce dernier riposte par un coup de sabre. Au cours du duel qui s'ensuit, Guindey inflige plusieurs coups mortels à son adversaire....
Guindey vient, sans le reconnaitre, de tuer le prince Louis-Ferdinand de Prusse...grand musicien et élève de Beethoven...et neveu du roi de Prusse Frédéric II le Grand.

La légende raconte l'événement de la sorte  

"Après la dislocation de ses troupes, le prince Louis, qui tentait de rallier des fuyards, est poursuivi par
Le Prince Louis-Ferdinand de Prusse

quelques hussards du 10e ; au passage d'une haie, son cheval s'entrave dans les branches, ce qui permet au maréchal des logis Guindey de le rejoindre et de lui barrer la route. 

Rendez-vous, général, ou vous êtes mort.

 Moi me rendre ? Jamais, répond le Prussien.

 Et, sur son attaque, il fend la joue droite de Guindey d'un revers de sa lame. Le Français riposte et atteint le prince au visage et au bras. Guindey reçoit un deuxième coup au visage et, aveuglé de sang, traverse par un hardi coup de pointe la poitrine du Prince, qui s'écroule, mortellement blessé. Un hussard du 10e arrive et sauve Guindey, aux prises avec les ordonnances du prince ; il abat un ennemi d'un coup de pistolet, les autres s'enfuient.

On apprend, par les propos des prisonniers, qui déclarent que le prince Louis venait d'être tué par un hussard français, la véritable identité du général prussien. Guindey remet au maréchal Lannes le sabre et les décorations du Prince et va se faire soigner à l'ambulance. En fin de journée, Lannes fait porter ces trophées à l'Empereur en demandant une récompense pour le sous-officier. 



Napoléon est satisfait et observe :

 S'il me l'avait ramené vivant, je l'aurais nommé officier.

Lannes passe à l'ambulance, et, rapportant à Guindey la remarque de l'Empereur, le sous-officier lui réplique : Monsieur le maréchal, voyez comme il m'a arrangé, je vous assure bien qu'il n'était pas d'humeur à se laisser faire "


On le retrouve en Espagne en 1808, en 1809 en Autriche.

Il est fait Lieutenant dans les prestigieux Grenadiers à cheval de la Garde impériale avec lesquels il fait la campagne de Russie, puis de Saxe. 


Carte postale du monument de Guindey dans la jolie
bourgade de Laruns au pied des Pyrénées


Il est mortellement blessé au cours de la bataille de Hanau en octobre 1813, contre les corps austro-bavarois de la 6eme coalition.

Ironie du sort alors que Guindey avait occis le prince Louis-Ferdinand de Prusse, grand élève de Beethoven, ce dernier en hommage aux prussiens mort ou blessés à Hanau dirigea le 8 décembre 1813 pour un concert de charité à l'université de Vienne en Autriche ...la première représentation de la magnifique Symphonie nº 7.




Cavalerie Légère



Le "M" de Claude Marion, Inspecteur de 1808-1811, le "B" de JG Bick, controleur 1809-1812 et un marquage "18", probablement le numéro de rack...le numéro 18 pour les Hussards restant vacant sous l'Empire.


"Manufacture Impériale Klingenthal Coulaux Fréres" datant donc d'avant le 29 Avril 1810, après cette date l'inscription portera le mois et l'année




Chasseur de la Jeune Garde de L Rousselot ©



A nouveaux, le B, M et 18 probablement pour  le numéro de rack sur le dard asymétrique.


Trompette du 1er Hussard




Sur le modèle de l'AN IX, le fourreau était trop fragile, car mince de 0,9 mm...Les chocs  le cabossaient trop facilement... emprisonnant la lame, empêchant son introduction ou se tordant très fortement lorsque le fourreau était vide de son sabre. 

Dans le modèle de l'AN XI ... le fourreau est considérablement renforcé avec une épaisseur de 2,5 mm....triplant son poids de 610 grammes à 1770 grammes.


Encoches pour le passage des oreillons et maintien du sabre dans le fourreau




Sur le talon de la lame le "M" de Claude Marion, Inspecteur de 1808-1811, le "B" de JG Bick, controleur 1809-1812 


Il sera produit plus de 156 000 modèle AN XI durant l'empire et 25 000 AN IX, le modèle précèdent.



Gardes d'honneur du 2ème Rgt et
Trompette du 4ème Rgt par L Rousselot ©


Cravate de feutrine très dense








Lame courbe de 87 cm avec une flèche de 5,2 cm... et large au talon de 3.7cm par 1 cm.











Hussard de la garde Royale en 1824 portant encore avec nostalgie son sabre AN XI









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l' Epopée Napoléonienne, tombés au champ d'honneur